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Geek & Grumpy
Geek & Grumpy
19 avril 2010

La dictature de la V.U.

Ouha voilà déjà un mois et demi que je n'ai rien écrit sur ce blog ! Et pourtant, ce n'était pas faute d'avoir eu du sujet croustillant à disséquer : j'aurai pu vous parler de la bourde du journaliste de télématin qui a fait entrer le mot "meuporg" dans le dictionnaire, ou encore disserter sur l'inauguration ô combien arrogante du musée du jeu vidéo... J'avais tout ce qu'il fallait pour nourrir ce blog des milles et unes brèves du monde geek et voir monter les chiffres d'audience avec une frénésie proche du syndrome qui frappe les spéculateurs de la bourse de Paris.

graphiquecopieew6Mais il n'en fut rien, non rien de tout cela, à la place, juste un silence de plomb, un blog qui se meurt. Alors pendant ce temps-là, j'étais où, je faisais quoi ? Et bien je prenais du recul, oui, tout à fait ! Noyée sous une avalanche de questions métaphysiques, je n'arrivais plus à m'y mettre : Qu'est ce qu'un blog ? A quoi ça sert ? Pourquoi est-ce que j'en ai ouvert un ? Vais-je me lancer dans la course folle du blog le plus populaire, me soumettre à la tyrannie des stats de VU (Visites Uniques pour les incultes profanes) qui fait autorité sur le reste de la toile ? Ou bien, vais-je juste écrire pour moi et les 10 pleu-pleus qui atterriront ici par hasard, au grès d'une navigation anarchique ?

Et j'ai trouvé ma réponse : me creuser le cerveau pour trouver les sujets qui vont plaire ne fait pas partie de mes centres d'intérêt. Améliorer mon Page Rank sur Google et spamer les autres blogs de mes commentaires pour renvoyer sur ma propre URL ne me fait pas particulièrement vibrer. Et m'auto-censurer de peur de déclencher les foudres de mon lectorat m'insupporte. Non, moi ce qui me botte, c'est de passer du temps à écrire. Voilà, la messe est dite :)

Pour fêter ça, voilà un extrait de Voyage au Bout de la Nuit de Céline, un peu sombre mais il faut bien quelque chose pour contre-balancer le soleil éblouissant de ces derniers jours. Pour vous remettre dans le contexte, Bardamu vient d'arriver à New York et se retrouve seul dans cette grande ville, à tenter de trouver le sommeil dans sa chambre d'hôtel un tantinet sordide :

celine_et_arlettyC'est triste des gens qui se couchent, on voit bien qu'ils se foutent que les choses aillent comment elles veulent, on voit bien qu'ils ne cherchent pas à comprendre eux, le pourquoi on est là. Ça leur est bien égal. Ils dorment n'importe comment, c'est des gonflés, des huîtres, des pas susceptibles, Américains ou non. Ils ont toujours la conscience tranquille.

J'en avais trop vu moi des choses pas claires pour être content. J'en savais de trop et j'en savais pas assez. Faut sortir, que je me dis, sortir encore. Peut-être que tu le rencontreras Robinson. C'était une idée idiote évidemment mais que je me donnais pour avoir un prétexte à sortir à nouveau, d'autant plus que j'avais beau me retourner et me retourner encore sur le petit plumard je ne pouvais accrocher le plus petit bout de sommeil.

Même à se masturber dans ces cas-là on n'éprouve ni réconfort, ni distraction. Alors c'est le vrai désespoir.

Ce qui est pire c'est qu'on se demande comment le lendemain on trouvera assez de force pour continuer à faire ce qu'on a fait la veille et depuis déjà tellement trop longtemps, où on trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces mille projets qui n'aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l'accablante nécessité, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre une fois de plus que le destin est insurmontable, qu'il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l'angoisse de ce lendemain, toujours plus précaire, plus sordide.

C'est l'âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu'on n'a plus en soi la somme suffisante de délire ? La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde c'est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n'ai jamais pu me tuer moi.

Un brin nihiliste ce passage, ça mérite son petit verre de vin rouge pour se mettre dans l'ambiance :)

En parlant de ça j'ai trouvé un site pas trop mal qui permet de télécharger notamment des livres en PDF - suivez le guide :

http://www.scribd.com/doc/8985643/Louis-Ferdinand-Celine-Voyage-au-bout-de-la-nuit-v2

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Commentaires
S
Salut.<br /> Un court passage pour vous dire que vos articles sont super !<br /> Bonne continuation
Geek & Grumpy
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